La décision des autorités de Niamey de vendre sur le marché mondial la production de la Somaïr marque une rupture ouverte avec le groupe français Orano. Ce choix marque une rupture ouverte avec le groupe français Orano. En assumant cette commercialisation directe, la junte militaire veut reprendre la maîtrise de ressources jugées stratégiques. Ce choix place l’uranium nigérien au centre d’un bras de fer économique, diplomatique et symbolique avec l’ancienne puissance coloniale.
Un choix souverain autour de l’uranium nigérien
Dimanche 30 novembre dans la soirée, selon lemonde.fr, la télévision publique Télé Sahel diffuse une allocution du général Abdourahamane Tiani. Le chef de la junte met en avant le droit légitime du Niger à disposer de ses richesses naturelles. Il insiste sur la liberté de vendre cette production minière à tout acheteur jugé fiable, sans exclusive.
Au centre de cette offensive figure la Somaïr, Société des mines de l’Aïr installée de longue date à Arlit. Le site se trouve dans le nord du pays, au cœur d’une région sahélienne enclavée. La coentreprise exploitait le gisement pour le compte d’Orano, qui détenait 63,4 % aux côtés de l’État nigérien. La nationalisation intervenue en juin a fait de ce dernier l’unique décisionnaire de l’entreprise.
Dès décembre 2024, Orano enregistre la perte de contrôle de ses trois filiales minières au Niger. Cominak, fermée depuis 2021, et le gisement d’Imouraren disposent de réserves estimées à 200 000 tonnes. Ce portefeuille fait du Niger un acteur de l’uranium mondial.
Procédures juridiques et tensions autour de l’uranium
Pour défendre ses intérêts, Orano se tourne vers l’arbitrage international après la nationalisation contestée. Le groupe engage plusieurs procédures contre l’État nigérien afin de faire reconnaître ses droits. Un tribunal lui donne raison pour la mine de la Somaïr. La décision interdit pour l’instant toute vente du stock d’uranium déjà extrait.
Selon Orano, ce stock représente environ 1 300 tonnes de concentré entreposées sur le site d’Arlit. Sa valeur est estimée à 250 millions d’euros au prix actuel du marché. Pour une entreprise détenue à plus de 90 % par l’État français, un tel manque à gagner pèserait lourd.
À Niamey, les autorités insistent sur la portée politique de ce bras de fer. Elles affirment que la bataille dépasse les chiffres d’un bilan ou d’un contrat disputé. Selon elles, il s’agit d’un moment clé pour reprendre l’initiative et redéfinir la relation avec l’ancienne puissance coloniale.
Nouvelles alliances minières et routes d’exportation
Depuis plusieurs mois, les dirigeants militaires annoncent leur volonté de diversifier les partenariats pour mieux valoriser les ressources minières. L’Iran et la Russie figurent parmi les pays cités comme interlocuteurs possibles. Moscou a exprimé en juillet son intérêt pour l’exploitation de gisements nigériens, signe d’un repositionnement diplomatique assumé.
Des informations de LSI Africa et du collectif de journalistes Wamaps évoquent un convoi récent chargé de 1 000 tonnes. Il serait parti d’Arlit pour rejoindre le port de Lomé au Togo en passant par le Burkina Faso. Le Monde affirme avoir recoupé ces indications, qui suggèrent l’émergence de nouveaux itinéraires d’exportation.
Selon l’agence d’approvisionnement d’Euratom, le Niger représente 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel. La décision de mettre cette ressource sur le marché international malgré les arbitrages pourrait modifier l’équilibre entre acheteurs. Elle pèsera aussi durablement sur les relations entre Niamey, la France et les nouveaux partenaires du pays.
Une épreuve de force aux conséquences durables pour Niamey
En choisissant de vendre son uranium sur le marché international, le Niger accentue son bras de fer avec Orano. Les arbitrages en cours diront jusqu’où cette stratégie pourra réellement résister aux contraintes juridiques et diplomatiques. Quelle que soit l’issue, elle transformera durablement la place du pays parmi les fournisseurs d’énergie. Elle pèsera aussi sur la relation politique avec la France.






