Cet horloger breton a créé une montre renfermant un diamant façonné à partir des cendres de son père

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En Bretagne, le parcours de Jonathan Urvoy prend une tournure singulière. Cet artisan d’art insère un diamant issu des cendres de son père au cœur d’une montre qu’il a conçue. Horloger prototypiste installé dans le pays de Lorient, il mêle précision extrême, mémoire familiale et innovation. Avec Eternity, une pièce pensée comme un héritage, il veut faire du temps un lien vivant.

Une montre Eternity née d’une histoire familiale

À partir des cendres paternelles, Jonathan Urvoy a fait réaliser un diamant de laboratoire par la société suisse Lonité, affirme ouest-france.fr. Il l’a ensuite serti dans le mouvement d’Eternity, un garde-temps au dessin volontairement sobre. Dans son atelier du pays de Lorient, il conçoit lui-même boîtier, cadran et composants principaux. La pièce reste unique, pensée avant tout pour un usage personnel.

À 42 ans, l’artisan a derrière lui un diplôme d’électronique et vingt années passées dans la Marine nationale. Spécialiste de la détection sous-marine, il transpose cette rigueur dans la mise au point de chaque montre qu’il assemble. Cette trajectoire, faite de technique et de service de l’État, nourrit aujourd’hui une pratique indépendante tournée vers la création.

Dans son atelier, les mesures se jouent bien au-delà du millimètre. Jonathan Urvoy travaille avec des tolérances de l’ordre du demi-micron, une épaisseur inférieure à un cheveu humain. Certaines machines utilisées pour usiner ses pièces ont d’ailleurs été dessinées et construites par lui-même.

Une montre intime qui transforme le deuil en mémoire

Pour l’horloger, Eternity n’est pas un simple objet de mesure. Il la décrit comme une émotion mise en mouvement, un hommage discret à la vie et à la mémoire. Portée au poignet, cette pièce relie chaque jour le geste de l’artisan à la présence symbolique du père disparu.

Le diamant intégré dans cette création appartient à la famille des diamants dits « de crémation ». Ils sont élaborés à partir de cendres purifiées. Selon les spécialistes de Lonité et d’autres acteurs du secteur, le carbone extrait est soumis à de fortes pressions. Il supporte aussi des températures élevées afin de reproduire des conditions proches de la formation naturelle. Inséré dans une montre commémorative, ce cristal devient un support durable de souvenir.

L’initiative de Jonathan Urvoy suscite la curiosité bien au-delà de son cercle de clients. La presse régionale met en avant ce récit où l’atelier breton devient lieu de transmission autant que de réparation. Sur les réseaux sociaux, internautes saluent une démarche jugée à la fois courageuse, pudique et respectueuse du défunt.

Un savoir-faire breton qui interroge notre rapport au temps

Au-delà de cette création singulière, Jonathan Urvoy s’est fait un nom dans la restauration horlogère. Il conçoit aussi des pièces mécaniques haut de gamme pour des clients exigeants. Artisan d’art et horloger prototypiste, il fabrique des garde-temps manufacturés dans son atelier, du premier croquis jusqu’aux derniers réglages. Il est aussi agréé par plusieurs grandes marques pour assurer entretien et service après-vente.

Autour d’Eternity, l’horloger a déposé un concept à portée internationale. Il vise l’intégration d’un diamant issu de carbone humain ou animal dans des objets qui indiquent l’heure. Avec Lonité, il envisage déjà d’autres pièces mémorielles, chacune liée à une histoire personnelle différente.

Cette démarche s’inscrit dans un mouvement plus large autour des diamants de crémation. Plusieurs entreprises spécialisées proposent ce type de transformation en Europe et dans le monde. Pour les familles, l’idée est de remplacer une montre ou un bijou par un objet qui condense une histoire partagée.

Une démarche singulière qui relie technique, mémoire et transmission

Avec Eternity, la montre imaginée par Jonathan Urvoy relie un savoir-faire horloger exigeant à un geste de deuil personnel. Cette création interroge la manière dont chacun souhaite garder ses proches disparus présents dans le quotidien. Elle ouvre aussi un champ nouveau pour l’horlogerie artisanale, où la technique se met au service d’histoires profondément intimes. Elle reste pour l’instant une pièce unique, destinée avant tout à un usage personnel et réfléchi.

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