Elle utilise ce mot au grand oral du bac : le professeur voit immédiatement qu’elle récite un texte de ChatGPT

ChatGPT

Une candidate se présente au grand oral du bac, sûre de son sujet, jusqu’à une question inattendue. Face au jury, un professeur comprend soudain que le discours parfaitement huilé ne vient pas vraiment d’elle. Derrière les phrases bien tournées, il devine la patte de ChatGPT et les limites d’un oral récité. La scène illustre la frontière fragile entre aide numérique et véritable compréhension.

Quand ChatGPT s’invite dans le grand oral du bac

Selon etudiant.lefigaro.fr, depuis 2021, le grand oral clôture le baccalauréat général et technologique pour tous les candidats. Chacun doit proposer deux questions liées à ses spécialités, puis laisser le jury en choisir une seule. Vingt minutes de préparation précèdent un exposé argumenté, censé mesurer la capacité à expliquer un sujet.

Dans l’académie de Nice, Mehdi Ben Nasr enseigne les sciences de la vie et de la Terre. Membre régulier des jurys, il dit apprécier un exercice qui met les élèves face à un public adulte. Il remarque pourtant que certains recyclent des sujets trouvés en ligne, parfois rédigés avec ChatGPT, sans vraiment les comprendre.

Lors de la session 2025, l’enseignant siège en binôme avec un collègue de sciences économiques et sociales. Une candidate vient présenter un sujet ambitieux sur la ségrégation des populations autochtones d’Amérique. Elle déroule un exposé fluide, bien structuré, qui semble parfaitement maîtrisé et rassure d’abord les deux membres du jury.

Les jurys repèrent vite un exposé dicté par ChatGPT

Après l’exposé, vient le temps des questions, ouvertes à tout membre du jury. Le collègue de sciences économiques et sociales pose alors une interrogation simple pour un regard extérieur. Il demande à la candidate ce qu’est une population autochtone. Surprise, elle explique qu’elle ne s’attendait pas à une question aussi difficile.

Le professeur rit d’abord nerveusement, puis rappelle que cette définition correspond pourtant au cœur du sujet annoncé. Il comprend alors que la candidate déroule un texte qu’elle n’a pas réellement assimilé. L’écart entre le vocabulaire employé et sa capacité à répondre aux questions révèle une préparation surtout écrite, peu incarnée.

L’enseignant sait que cette situation ne concerne pas seulement son établissement ni son académie. Un autre professeur, présenté sous le prénom d’Alexandre, avait décrit un élève de STMG récitant son grand oral monotone. Selon lui, le discours venait lui aussi de ChatGPT, déclamé comme un poème appris par cœur, sans appropriation personnelle.

Ce que révèle cette scène sur l’épreuve et ses limites

Malgré cette incompréhension, Mehdi Ben Nasr assure ne pas chercher à sanctionner pour le principe. Il rappelle que le grand oral reste souvent la dernière épreuve de l’année scolaire. Dans ses évaluations, il regarde surtout la posture, la clarté du propos et la gestion du stress.

Selon lui, un candidat peut obtenir la moyenne sans maîtriser parfaitement tous les aspects théoriques de son sujet. L’essentiel reste de montrer qu’il comprend les notions et peut les expliquer avec ses mots. Dans ce cadre, un outil comme ChatGPT peut aider à préparer, mais ne remplace jamais la compréhension profonde.

La scène relance aussi le débat sur le sens du grand oral dans un lycée traversé par le numérique. Pour certains enseignants, l’épreuve s’éloigne de son objectif initial quand les sujets viennent presque clés en main du web. Elle pourrait toutefois devenir un moment fort si elle valorise la capacité à dialoguer et à relier les savoirs.

Entre outils numériques et compréhension réelle des notions scolaires

L’anecdote rappelée par ce jury montre une école déjà confrontée aux usages massifs des outils d’aide en ligne. Elle ne condamne pas en bloc ChatGPT et rappelle l’importance de garder la main sur le sens des mots. Au moment de l’oral, ce qui compte reste la rencontre entre un sujet, une voix et une pensée claire. Les jurys devront continuer à démêler aide légitime et tricherie déguisée.

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